Amani Mulimbi John-Primo, 17 ans, est un artiste plasticien autodidacte originaire de la cité de Sake, dans le Masisi, au Nord-Kivu. Ses œuvres d’art racontent l’histoire de la RDC et extériorisent les maux de sa société. Plein de rêves, il veut servir de modèle à ses contemporains que l’âge n’est qu’un chiffre pour être artiste. Portrait. Dans la salle de l’exposition de l’institut français de Goma, John Primo fait les derniers régalages avant le décrochage de son exposition « D’hier à aujourd’hui », qu’il fait pour la troisième fois cette année. La première c’était à Sake et la deuxième à Beni ville. Serein et modeste, John n’a pas pris du temps pour nous raconter comme il s’est retrouvé à faire de l’art. « Moi me lancer dans l’art c’est comme une passion », nous a-t-il dit d’entrée. « C’est ce manque de la jeunesse engagé dans l’art qui m’a poussé à faire l’art. Dans ma communauté, c’était rare de rencontrer les jeunes griffonner ou en train de reproduire les images et puis moi, malgré tous ces défis, je m’étais déterminé à utiliser mon art pour éduquer ma nation, parler à ma communauté de la force que l’art aussi peut apporter comme soutien à la cohabitation pacifique ». En effet, John Primo est né le 31 juillet 2005 à Saké, dans le Masisi, dans la province du Nord- Kivu, à l’Est de la RDC. Il est, comme plusieurs millions d’autres enfants, de cette génération qui n’a connu que les affres des guerres liées aux conflits armés incessants dans cette partie du Congo. Dès son enfance, il se forge dans l’art et plus spécialement dans le dessin. Il griffonne tout ce qui se passe dans la tête. « Avant je ne faisais que dessiner », renchérit-il. Il a continué à reproduire des images qui va lui pousser dans l’art du figuratif et de l’abstraction, comme le mentionne sa note d’artiste. Enfant de son état, ses parents ont semblé ne pas aimer le chemin que John empruntait. « Il y a eu beaucoup de problèmes. Ma famille ne voulait pas me soutenir parce qu’ils voyaient que j’ai perdais mon temps pour rien », nous révèle-t-il. Le temps passe et Primo poursuit son chemin contre vents et marées jusqu’à mettre, d’abord, sa famille d’accord et son entourage après. « Petit à petit, comme ils ont commencé à voir ce que l’art peut apporter, ils m’ont accompagné, et ils m’ont même soutenu en m’achetant quelques matériels. », ajoute-t-il. Sa pratique de la peinture se penche sur les thèmes de la vie courante, les abstractions imaginaires et la spiritualité qu’il exprime sur ses toiles. Son travail s’élabore dans la transcription de la vie qu’il traverse, de ses rêves et de ses souhaits positifs à sa communauté. « J’ai plusieurs messages à transmettre quand je fais mes tableaux. », souligne Primo d’un ton confiant avant d’enchainer : « Je parle des obstacles que traverse ma communauté comme par exemple, les problèmes de l’eau, de l’électricité, la sécurité... Aussi je parle de la liberté intellectuelle pour dire aux gens que nous devons nous libérer mentalement, nous devons nous débarrasser de ses chaines là. Je m’adresse souvent aux jeunes car c’est nous la jeunesse que nous allons changer les choses, c’est nous qui seront les modèles de changement pour ce pays. » C’est en 2017, qu’il décide de se consacrer entièrement à l’art tout en poursuivant ses études secondaires. « J’ai décidé de me démarquer de ma communauté, malgré que Sake c’est un milieu reculé, je me suis dit que je vais être un modèle pour ma communauté, pour la jeunesse et pour tous les gens qui verront mon travail, je vais leurs inspirer avec ce que je fais », dit-il. L’exposition « D’hier à aujourd’hui » comme point de repère de Primo Son exposition « D’hier à aujourd’hui » est le fruit de participation aux résidences artistiques organisées par Uhuru Knowledge Center, qui est un réseau des centres culturels congolais en milieux ruraux. Elle découle de l’expertise que Primo a reçu après avoir participé à l’exposition « Zamani » de l’artiste Jospa MAHAMBA en novembre 2020 et une résidence artistique sur le recyclage et l’utilisation de feuilles des bananiers pour produire des toiles, et une résidence en art plastique contemporain en 2021 sur le même centre, animée par l’artiste plasticien Georges ASSANI. « D’hier à aujourd’hui » comporte douze toiles racontant quatre parties de l’histoire de la RDC : la colonisation, l’indépendance, les guerres du Kivu et l’art pour la promotion de la paix. Pour l’artiste, « La jeunesse ne peut pas prendre conscience si elle ne sait pas l’histoire du Congo ». Les tableaux de l’expo ont la dimension qui varie entre 150 cm et 40 cm carré avec les couleurs qui sont purement expressionnistes. Malgré son jeune âge, c’est la troisième collection de Primo, après celle de 2020 et 2021. « Dans mon travail, je ne me focalise pas sur l’âge. Je vois les capacités que je peux utiliser avec mon art pour exprimer les messages que je veux transmettre à ma communauté. », argumente-t-il quand on lui demande s’il n’a pas la pression pour son âge. Il voit plutôt son âge comme une source de motivation pour les autres artistes. « Comme je suis moins âgé, je peux dire c’est un avantage pour moi car ce n’était pas d’habitude de voir un artiste de mon âge faire déjà une exposition, souvent ils sont âgés ceux qui font les expositions », a-t-il stipulé avec un petit sourire. Durant tous les déplacements de Primo ou presque, il est accompagné par Elie Syauswa, qui est le directeur des programmes de Uhuru Knowledge Center. De sa part, l’artiste a encore du chemin à faire et doit se démarquer des autres en se trouvant un style unique. « John a encore du travail à faire pour créer son propre style d’art contemporain comme celle et ceux-ci qui l’ont précédé dans le domaine », pense-il avant de conclure : « Son âge est une opportunité d’apprentissage de plusieurs choses et le favorise pour une créativité hors pair ». John Primo Mulimbi a eu son diplôme d’état (bac) cette année. Il rêve faire l’académie des beaux-arts de Kinshasa « pour perfectionner mon art », précise-t-il.
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